Chargé-e de recherche en gestion quantitative de l'eau dans les territoires chez INRAE
INRAE, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, est un organisme public de recherche rassemblant une communauté de 12 000 personnes, réparties dans 272 unités de recherche, de service et d’expérimentation implantées sur 18 centres sur toute la France.
Institut de recherche finalisée, il est le premier organisme de recherche mondial spécialisé sur l’ensemble « agriculture-alimentation-environnement ». INRAE a pour ambition d’être un acteur clé des transitions nécessaires pour répondre aux grands enjeux mondiaux.
Face à l’augmentation de la population et au défi de la sécurité alimentaire, au dérèglement climatique, à la raréfaction des ressources et au déclin de la biodiversité, l’institut a un rôle majeur pour construire des solutions et accompagner la nécessaire accélération des transitions agricoles, alimentaires et environnementales.
Environnement de travail, missions et activités
L’eau est un enjeu croissant de tensions entre acteurs et usages, et entre politiques sectorielles dans les territoires à différentes échelles. Les changements globaux accentuent ces tensions en modifiant la disponibilité locale de la ressource d’une part, en générant des politiques et adaptations non concertées qui viennent modifier les cycles de l’eau d’autre part. Sur un aspect quantitatif de la ressource, l’agriculture et l’environnement sont dans la quasi-totalité des cas des secteurs clé de ces tensions, du fait de risques de débits insuffisants pour les écosystèmes et des stress hydriques pour les cultures (ou des investissements lourds et parfois risqués dans des aménagements pour l’irrigation). Les adaptations ciblées par secteur ou usages génèrent des transferts de vulnérabilité rendant ces efforts inefficaces. En effet ces adaptations peuvent affecter la disponibilité de la ressource mobilisable par d’autres, mais aussi l’accès à des infrastructures clé ou à la ressource elle-même via des changements institutionnels, ou encore la compréhension du fonctionnement du système.
Pour traiter cela, les approches critiques, notamment la « political ecology » permettent une analyse des interdépendances physiques et sociales et des relations sous-jacentes mais peinent à proposer des outils pour une transformation structurelle des pratiques. Les approches ‘impliquées’ mobilisées dans les sciences de la durabilité, dont l’ingénierie de la participation, permettent la co-construction de trajectoires d’évolution de territoires hydrosociaux partagés. Ces approches ont cependant du mal à prendre en compte les transferts de vulnérabilité hors du groupe initialement mobilisé dans une démarche participative. Il manque en effet une capacité critique opérationnelle sur la pertinence de la composition de ce groupe initial participant au regard de l’identification des acteurs potentiellement affectés par les choix proposés. L’intégration des approches critiques dans des démarches de suivi évaluation de processus de concertation devrait permettre de dépasser certains de ces biais.
Le poste s’appuiera sur les cadres d’analyse permettant de comprendre les liens entre dimensions sociales, écologiques et hydrologiques des territoires et leurs dynamiques. Par ailleurs, les arènes où se confrontent des connaissances sur ces territoires hydrosociaux modifient les perceptions et les savoirs sur la ressource et ses enjeux, et subséquemment leurs comportements. Il s’agira de tracer comment ces changements cognitifs peuvent affecter les pratiques et les positions défendues sur la gestion quantitative de l’eau. Enfin, la question de l’eau et de son partage est passée en quelques années d’un enjeu relativement technique laissé aux experts à une cause majeure de mobilisation environnementale parfois d’envergure nationale ou internationale.
Vous contribuerez au champ actif de développement d’outils, de dispositifs et de protocoles pour une gouvernance participative de l’eau avec un regard de géographie et de sciences sociales critiques, afin de réviser les méthodologies participatives pour la gestion de l’eau pour y intégrer conjointement les dimensions de justice sociale et environnementale. Vos recherches permettront de mettre à l’épreuve dans le contexte spécifique de la gestion quantitative de nouvelles modalités d’implication des acteurs dans le temps long de la négociation et de suivi-évaluation. Vous articulerez les approches impliquées vers les modalités de gestion, et les approches critiques analytiques. Ces approches sont complémentaires. Les approches critiques interrogent les modes de gouvernance et les choix techniques associés (outils de régulation/suivi, technologies …) en regardant de plus près les intérêts, les idéologies, les récits et la science invoqués pour justifier ces choix. Les approches impliquées facilitent la construction concertée des trajectoires d’évolution des territoires avec une diversité d’acteurs (agriculteurs, services techniques de l’Etat, élus, associations, citoyens). Vous contribuerez à enrichir la compréhension des comportements et logiques liés aux usages et à la gestion quantitative de l’eau à l’échelle du territoire en tenant compte de leurs interdépendances et des effets en cascade.
Vous serez affecté.e à l’UMR G-EAU, une unité spécialisée dans la gouvernance de l’eau à l’échelle territoriale. L’UMR possède une solide expertise dans la gestion de l’eau au sein des territoires méditerranéens confrontés à des tensions hydriques dans un contexte de changement climatique. Les compromis actuels entre les différents usages de l’eau, établis suite à la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau, sont remis en question à mesure que de nouveaux enjeux environnementaux émergent. Notre objectif est de comprendre ces transitions en cours afin de proposer des trajectoires durables pour la gestion des ressources en eau. Pour cela, l’unité développe des approches interdisciplinaires mobilisant l’hydrologie, hydraulique, les sciences sociales et l’agronomie. La demande croissante d’interdisciplinarité dans les appels à projets, ainsi que les besoins d’accompagnement des ministères et des collectivités dans leurs politiques de gestion des ressources, exigent des chercheurs capables d’analyser les enjeux territoriaux de l’eau et de les intégrer dans une perspective de politique publique. En particulier, les débats nationaux et locaux autour de la mise en place des Projets de Territoire pour la Gestion de l’Eau sont particulièrement d’actualité. Les demandes pour éclairer ces discussions et fournir des outils permettant de dépasser les conflits sont nombreuses.
Au niveau du département AQUA, le poste vient compléter les approches de l’hydrologie de l’anthropocène du GOS 2 « Ressources en eau : soutenir une gestion sobre et durable de l’eau comme bien commun dans les territoires ». Il contribue en effet pleinement au front de science sur la compréhension et l’action sur les usages et modes de gouvernance de l’eau dans les territoires hydrosociaux. Au-delà, par sa capacité à prendre en compte l’ensemble des interdépendances au sein de ces territoires, il permet de contribuer à l’émergence d’une véritable hydrologie de l’anthropocène en intégrant les usagers dans le cycle de l’eau et les effets à distance, indirects et cumulés, des adaptations de leurs pratiques.
Ce poste permettra ainsi de consolider et renouveler l’expertise sur la gestion territoriale de l’eau dans un contexte d’artificialisation croissante de son cycle (réservoirs, recharge de nappe, réutilisation…), pour mieux évaluer la pertinence des investissements nécessaires et informer les controverses générées par cette artificialisation.
Formations et compétences recherchées
Doctorat ou équivalent
Formation : Docteur en géographie de l’environnement ou plus largement sciences sociales de l’environnement.
Compréhension des enjeux et logiques des principaux acteurs concernés par les usages quantitatifs de l’eau dans leur diversité (agriculteurs, services techniques de l’état, élus, associations de l’environnement, citoyens)
A moyen terme ce profil devra évoluer vers une HDR et s’impliquer dans l’animation du collectif sur sa composante interdisciplinaire.
Ouverture aux cadres d’analyse issus d’autres disciplines.
Compétences
Méthodes de la géographie critique (political ecology) ;
Connaissances des enjeux de conception des politiques publiques environnementales et agricoles;
Connaissances des enjeux des usages de l’eau en agriculture ;
Expérience avérée de l’interdisciplinarité et goût pour sa mise en œuvre ;
Expérience du travail en interaction avec les acteurs ;
Votre qualité de vie à INRAE
En Rejoignant INRAE, Vous Bénéficiez
- de 30 jours de congés + 15 RTT par an (pour un temps plein)
- d’un soutien à la parentalité : CESU garde d’enfants, prestations pour les loisirs ;
- de dispositifs de développement des compétences : formation, conseil en orientation professionnelle ;
- d’un accompagnement social : conseil et écoute, aides et prêts sociaux ;
- de prestations vacances et loisirs : chèque-vacances, hébergements à tarif préférentiel ;
- d’activités sportives et culturelles ;
- d’une restauration collective.
Consultez notre guide pour faciliter la venue et le séjour des scientifiques internationaux à INRAE
Modalités pour postuler
- Je télécharge le guide Guide des candidats CRCN 2025 pdf – 3.72 MB
- Je note le numéro du profil CR-2025-AQUA-2
- Je m’inscris Inscription
Les personnes accueillies à INRAE, établissement public de recherche, sont soumises aux dispositions du Code de la fonction publique notamment en ce qui concerne l’obligation de neutralité et le respect du principe de laïcité. A ce titre, dans l’exercice de leurs fonctions, qu’elles soient ou non au contact du public, elles ne doivent pas manifester leurs convictions, par leur comportement ou leur tenue, qu’elles soient religieuses, philosophiques ou politiques. > En savoir plus : site fonction publique.gouv.fr
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